Eylau et la bataille : préambule
Les livres d'histoire de ma jeunesse ont présenté la Révolution française et l'Empire sous un jour « faste ».
Valmy était glorifié… Bonaparte et Napoléon étaient des héros ! Arcole et Austerlitz étaient des lieux mythiques. Waterloo était un peu éludé. L'île d'Elbe était une parenthèse, un peu comme des vacances, quant à Ste Hélène c'était si loin qu'on avait du mal à se l'imaginer…
Comme beaucoup de petits français de ma génération, j'étais capable de citer une bonne dizaine de batailles — toutes glorieuses et bien entendu gagnées par Napoléon ! J'étais, à dix-douze ans, en quelque sorte un admirateur — à l'insu de mon plein gré… Ceci étant dit, j'étais nul en géographie et j'aurais été bien incapable de situer sur une carte muette tous ces hauts lieux de notre histoire !
Puis, arrivé à l'âge adulte, j'ai commencé à chercher à comprendre. J'ai lu, entre autres, Tulard, Castelot, Decaux et même de Villepin !
Et Napoléon ne m'a plus jamais fait rêver…
Pour en revenir à Eylau et les guerres napoléoniennes en général, il faut avoir à l'esprit que les monarchies européennes ont pris peur à la révolution, se sont senties humiliées par le sort de Louis XVI et ont joué la solidarité avec notre ancienne monarchie. Bonaparte puis Napoléon a été le continuateur de la révolution et de son rêve de donner à la France des frontières naturelles : à l'est le Rhin et les Alpes, au sud les Pyrénées. D'où toutes ces guerres idéologiques (et aussi économiques : l'Angleterre s'est développée commercialement et industriellement pendant toute ces années) et leurs terribles affrontements meurtriers directs sur le terrain.
Après une première tentative d’écraser notre Révolution, l’Autriche, la Prusse, l’Espagne, la Grande-Bretagne et plusieurs petits pays, ont formé une première coalition qui fut vaincue par la mobilisation générale française. La France, alors victorieuse, avait annexé la Rhénanie et les Pays-Bas espagnols. La Grande-Bretagne finance ensuite une deuxième coalition avec l’Autriche, la Prusse, la Russie, le Portugal, le royaume de Naples, le pape et l’Empire ottoman.
Jusqu'à la chute de l'empire, en 1815 à Waterloo, la France sera en guerre avec les mêmes pays coalisés,
lesquels avaient toujours le même but : rétablir la monarchie française.